Il me semble que la romanistique dans les pays de langue allemande devrait se distinguer par une approche comparatiste translinguistique par rapport, en particulier, à la philologie française, espagnole ou italienne pratiquée dans les pays de langues romanes. Mais il n’est pas seulement nécessaire, plus encore que dans les études d’allemand ou d’anglais, de franchir les frontières linguistiques. Le nombre peu élevé de postes d’enseignants en romanistique fait qu’un professeur devrait être amené à proposer aussi bien des sujets décrivant les systèmes linguistiques que des sujets à caractère historique inscrits dans les Etudes Culturelles. La médiologie offre en outre, grâce à ses aspects théoriques et historiques, un important champ de recherche en pleine expansion aujourd’hui, permettant de surcroît une étroite collaboration avec les études littéraires. La médiologie ne devrait pas seulement être un domaine des spécialistes de littérature, dans lequel par exemple on s’occupe, en complément des genres traditionnels, de cinéma et de télévision. En matière de linguistique, la médiologie complète et remplace de plus en plus la sémiologie, dans la mesure où, d’une part le potentiel sémiologique de nouveaux médias est pris en compte, où d’autre part leurs effets rétroactifs sur la langue parlée et écrite peuvent faire l’objet de recherches.
Afin de garantir une formation équilibrée et complète, il me semble pertinent de traiter à importance égale des thèmes impliquant l’analyse des systèmes linguistiques et des thèmes traitant du phénomène culturel. Les premiers permettent de doter d’un caractère scientifique toute formation linguistique, en particulier en grammaire ; les derniers explicitent la fonction de la langue dans la société, ses multiples variétés dialectales et leur usage médiologique spécifique.
L’objectif premier d’une formation universitaire devrait être d’apprendre à nourrir par une réflexion autonome le débat scientifique dans la discipline concernée. C’est en recueillant et en exploitant des données, en confrontant et soumettant à un commentaire critique des positions diverses défendues par les spécialistes, ainsi qu’en développant des idées propres et des hypothèses qu’on y parvient. Les conditions propices à un tel cheminement sont fournies par les « Hauptseminare » (TD). Je pense qu’il faut en conserver les modalités traditionnelles : exposé et mini-mémoire ; ceux-ci exigent néanmoins un encadrement rigoureux.
> informations supplémentaires sur les exposés et mini-mémoires
Concernant les exposés j’essaie de faire l’intermédiaire entre les orateurs et leur public. L’exposé sert le séminaire et ne doit pas être intelligible pour le professeur seulement. Avec mon aide, il doit être préparé de manière à satisfaire de hautes exigences didactiques : à cette fin, un synoptique sera le bienvenu, tout comme l’usage opportun de supports audio-visuels ; de même il convient que les étudiants en charge de l’exposé fassent l’effort de susciter la prise de parole des auditeurs au cours de discussions et d’exercices. À cet égard il peut être utile de formuler des questions auxquelles répondront par écrit les étudiants. Le groupe responsable de l’exposé analyse les réponses et les résume brièvement au début de la séance suivante.
En ce qui concerne le mini-mémoire, je mets au point avec les étudiants une problématique individuelle, qui, en règle générale, est plus spécifique que le sujet de l’exposé. Si l’exposé doit essentiellement transmettre des connaissances de base, le mini-mémoire est quant à lui le résultat d’un petit travail personnel de recherche. Le suivi individuel de ce travail d’approfondissement doit impérativement se poursuivre après correction, sous forme d’une discussion exhaustive avec l’étudiant. Car, en définitive, ces travaux permettent d’acquérir les techniques de travail en vue du mémoire de fin d’études.
Le cours magistral en romanistique revêt de multiples fonctions. Il s’adresse principalement à des étudiants qui n’ont ni le même nombre de semestres à leur acquis ni le même cursus, ce pour quoi il doit être le plus général possible. Pour certains étudiants il fait office de cours introductif, pour d’autres il sert à préparer soit les Hauptseminare soit encore l’Examen d’Etat. Dans mon cours magistral, j’essaie, en règle générale de traiter de manière comparative le français, l’espagnol et l’italien. Il est souvent de rigueur à l’heure actuelle de procéder à un contrôle des connaissances qui peut prendre alors la forme de devoirs sur table/ de partiels ou de questions à traiter par écrit et portant sur le cours magistral.